Chaque porte ouvrait sur un sanctuaire d'où mugissait le monstre du désespoir; là, la mort ou la rafle avait fait son oeuvre, la peur était toujours palpable.
Il me fallait violer ces propriétés abandonnées par la force des choses, remuer l'ordre d'antan afin de me procurer tout ce qui pouvait m'être utile. Je ne pouvais m'empêcher de penser à ces détrousseurs de morts sur les champs de guerre, mais qu'allaient devenir ces objets, ces témoignages d'une existence? Fallait-il qu'ils tombent dans l'oubli sous le seul prétexte du respect? Certes non.
Souvent, je tombais sur des cadavres aux os déjà blanchis et aux tenaces touffes de cheveux, des squelettes de toute taille, hélas; je les déplaçais avec toutes les précautions possibles, mais évidemment, ils se disloquaient et je m'employais juste à ne pas mélanger les corps... En effet, j'avais décidé de créer une sorte de cimetière pour ces malheureux abandonnés...
C'était la moindre des choses.